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Rouge, blanc ou vert  ?

Rouge, blanc ou vert  ?

Le mois dernier, j’ai eu l’immense plaisir de participer, une fois de plus, aux vendanges de mon oncle, dans le brabant wallon. Un moment de pur plaisir. D’autant plus que nous sommes rétribués en bouteilles de ce bon vin naturel. Et que nous repartons toutes et tous avec quelques bouteilles du millésime précédent. Et là, pas ou peu de sulfites, et donc pas de migraine ! Une expression pure, transparente et honnête du terroir.

Cet infime moment de goût de paradis ne reflète pourtant pas la réalité. Car non, la vérité ne se trouve pas toujours dans le vin. En dégustant un grand cru, on savoure avec respect et admiration les arômes de framboise, de cannelle, de vanille, de cèdre ou de cassis. Mais qui va y déceler les notes de cyprodinil, de pyrimethanil d’ipriodione, d’azoxystrobin, de procymidone, de fenhexamide ou d’isomère d’iprovalicarb (un antimildiou) qui s’y trouvent ? Personne, bien entendu, Parce que ces pesticides ne sont pas goûtables, mais seulement détectables en laboratoires. Ils se trouvent pourtant bien incrustés dans les vins conventionnels. Car le vin, ce n’est hélas pas seulement du jus de raisin fermenté. À vrai dire, si les étiquettes devaient en mentionner les ingrédients, il n’y aurait probablement pas suffisamment d’espace pour les indiquer tous, sauf peut-être sur un jéroboam, et encore. Il est vrai que l’Union Européenne autorise l’ajout d’une soixantaine d’« ingrédients », parmi lesquels certains semblent inoffensifs, comme l’eau, et d’autres plus terrifiants comme le polyvinylpolypyrrolidone. Comment savoir ?

Une étude publiée le mois dernier, réalisée par l’association française Que choisir révèle que l’on trouve 300 fois plus de résidus de pesticides dans le vin que dans l’eau potable. Mauvaise nouvelle. Il va falloir encore mettre davantage d’eau dans son vin…

Dans les challengers en matière de résidus de pesticides, on trouve le bordeaux qui réalise un taux inégalé d’une teneur 3 364 fois plus élevée que la norme appliquée à l’eau potable (0,5 μg/kg) . Le bordeaux Mouton Cadet 2010, en rouge, se fait remarquer dans le lot, puisqu’il réunit les résidus et traces de 14 pesticides différents, dont du carbendazime, une molécule pourtant interdite en France. Or, Mouton Cadet est la marque la plus diffusée dans le monde, avec une production annuelle de 12 millions de bouteilles. Côté couleur, ce sont les vins blancs qui l’emportent, avec un maximum de résidus de pesticides, soit 242 μg/kg en moyenne (contre 114 μg/kg pour les rouges et 95 μg/kg pour les rosés). Il faut préciser que la France est le premier utilisateur européen de pesticides (62 700 tonnes en 2011), avec une vigne qui occupe 3,7 % de la surface agricole utile et consomme 20 % de ces pesticides. Des chiffres criants face à un réel mutisme en la matière : la loi du silence, titre le journal Le Monde*. La vigne a réalisé les effets de la pollution chimique du sol, mais après cela, il n’existe plus de contrôle et donc plus de limites. Le biais de la procédure ? On ne tient absolument pas compte des LMR (limites maximales de résidus) pour les vins. Jusqu’à présent en tous les cas.

Il existe des exceptions en conventionnel, mais cela concerne le plus souvent des crus chers, voire très chers, comme par exemple le Château de Beaucastel, un des plus grands vins de Châteauneuf-du-Pape dans la Vallée du Rhône, qui cultive en bio depuis 1950,  mais dont les bouteilles ne portent pas le logo bio. Parce que le domaine retire un bénéfice spécifique de la viticulture bio qui permet aux vers de terre, aux insectes et autres créatures de proliférer dans le sol, ce qui le rend plus poreux et donc permet à la racine de la vigne de creuser plus profond. Un plus bio, donc. Un de plus !

Bref, les études qui se sont intéressées à la présence des pesticides dans le vin révèlent toutes des traces de pesticides dans la plupart des vins, sauf les bio, même si certains sont parfois contaminés par le voisinage. Hé oui, on n’a pas toujours les voisins qu’on veut.

Les vins bio, quant à eux, suivent un contrôle strict. Surtout depuis 2012, puisque la désignation « vin biologique » a été fixée, avec une réglementation spécifique sur la vinification et, entre autres, une réduction des niveaux autorisés de dioxyde de soufre (qui peut d’ailleurs, notons-le en passant, causer des réactions allergiques chez les personnes qui souffrent d’asthme).

Quoi qu’il en soit, la consommation de vin bio augmente partout et c’est tant mieux. Alors, pensez à absorber le moins de pesticides possibles. C’est le mois des traditionnelles foires aux vins dans les grandes surfaces. Visitez les petits distributeurs bio, comme le conseille en page 18 Jérôme Vanderputt, notre chroniqueur en la matière, c’est la meilleure façon de dénicher les vins qu’on aime.

Quant à moi, je me réjouis de goûter le millésime 2013, tonton ! 

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