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En Alsace, le Moulin des Moines va très vite

En Alsace, le Moulin des Moines va très vite

(Mise à jour : 26 février 2016.)

Le Moulin des Moines est plus qu’une marque. Signe de son profond ancrage dans le patrimoine alsacien, c’est d’abord un lieu-dit situé à quelques encablures de Krautwiller (Bas-Rhin), un petit village de la vallée de la Zorn dominé par un nid de cigognes perché sur un mât. La force motrice de la rivière descendue des Vosges a été utilisée dès le XIIIe siècle par des moines cisterciens. Ils avaient bâti leur moulin sur une petite butte surplombant le cours d’eau, le mettant ainsi à l’abri des inondations, fréquentes dans la région. Huit siècles plus tard, le Moulin Meckert-Diemer est toujours implanté au même endroit. Société familiale depuis neuf générations, l’affaire est depuis 1970 entre les mains d’Édouard Meckert et de son épouse, Huguette. Ils vivent sur place, dans une grande maison entourée d’un jardin, et se préparent à transmettre l’entreprise à leurs deux fils, Pascal et Nicolas, aujourd’hui directeurs généraux.

L’épeautre réhabilité

« Quand j’ai repris le moulin, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de produits chimiques utilisés. Je me suis tout de suite orienté vers d’autres méthodes de production », se souvient Édouard Meckert, 73 ans, installé dans une salle de réunion aux étagères remplies de catalogues et d’échantillons maison. Fils de vignerons, œnologue de formation, il se lance alors en pionnier dans l’aventure du bio pour la production de farine, seule activité du moulin à cette époque. L’entreprise n’emploie à cette époque que trois personnes : lui, sa femme et un salarié. « Nous nous sommes spécialisés dans les produits biologiques à base d’épeautre et de petit épeautre, des céréales oubliées que nous avons contribué à réhabiliter. Elles ont de nombreux avantages : elles sont très riches en vitamines et en oligo-éléments, elles acceptent mal les engrais et elles ont une enveloppe épaisse qui les rend quasiment impolluables. » (Photos ci-dessous : germes de blé.)




Croissance et diversification arrivent progressivement au fil des années 1980 et 1990. Aujourd’hui, le moulin Meckert-Diemer emploie cinquante personnes à Krautwiller et affiche un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros. Il produit de nombreuses farines (3 000 tonnes par an), mais aussi des pâtes (760 tonnes par an), des semoules, des galettes de céréales soufflées, des müeslis, des flocons…

Sauver entreprises et emplois par le bio

Ces quinze dernières années, Édouard Meckert a également repris plusieurs entreprises locales en difficulté : les eaux minérales Celtic à Niederbronn-les-Bains, Alsace Biscuits à Geudertheim, Boehli à Gundershoffen, les biscottes Corvisart dans les Vosges, la Chocolaterie du Château à Oberhaslach et la Chocolaterie Egly de Wasselonne. « La stratégie, c’était de reprendre les entreprises qui étaient en dépôt de bilan, de s’appuyer sur le savoir-faire des salariés et de repositionner la production totalement ou partiellement sur le bio, pour en faire des entreprises rentables », résume Alain Andreolli, le directeur marketing du groupe. « Aujourd’hui, une logique purement industrielle conduirait à tout regrouper sur un seul site, proche des accès routiers. Mais nous avons la volonté de conserver l’emploi dans les vallées d’où sont originaires ces entreprises », commente Édouard Meckert. Exception pour Corvisart, dont la production a été transférée chez Alsace Biscuits.

Plus de 1 500 références

Ce sont les forces additionnées de ce petit groupe (200 salariés, 50 millions d’euros de chiffre d’affaires) qui lui permettent d’innover et de proposer plus de 1 500 références de produits bio, dont les deux tiers fabriqués en interne. Avec ses étagères abondamment garnies, le magasin d’usine implanté au rez-de-chaussée du site de Krautwiller sert de showroom et permet de cerner les attentes de la clientèle. Pour accéder à la partie industrielle, il faut traverser les bureaux. On découvre alors des équipements dernier cri, fruits d’un investissement de 8 millions d’euros, en 2012. « En partant d’une technique très artisanale, on est arrivé à un outil flexible à mi-chemin entre l’artisanat et l’industrie », glisse modestement Édouard Meckert, charlotte blanche sur la tête. Il montre les trois lignes de production de pâtes et l’automate qui assure leur séchage, « à basse température pendant 24 heures, pour préserver la saveur ». Plus loin, une unité de tri des céréales ultramoderne assure la détection et l’éjection des impuretés et des graines malades ou moisies.

          

 

En grimpant dans les étages – le moulin culmine à 40 mètres de hauteur –, on découvre le cœur battant de l’entreprise : cinq moulins à cylindre faisant face à six meules en pierre volcanique. « Sur cette ligne, on ne fabrique que des farines premium, explique Alain Andreolli. La meule de pierre a l’avantage de tra­vailler plus en douceur le grain et de mieux conserver les valeurs nutritionnelles et organoleptiques de la céréale. »

Seize hectares en bio

Au sommet de l’édifice, le toit incliné en direction du sud-ouest symbolise l’engagement environnemental du Moulin des Moines. Couvert de panneaux photovoltaïques, il complète l’action de la turbine entraînée par la Zorn. Ces deux équipements permettent au moulin de produire deux fois plus d’électricité qu’il n’en consomme. Il est aussi autonome pour ses besoins en eau, grâce à une source alimentée par l’immense nappe phréatique de la plaine d’Alsace. « Autour du moulin, nous sommes propriétaires de seize hectares intégralement en bio », complète Édouard Meckert. La famille y élève un troupeau de cerfs et des vaches limousines, nourris en partie grâce aux déchets céréaliers. Il y a aussi quelques ânes, « pour respecter la tradition des moines cisterciens », sourit le patron du Moulin des Moines. Fier de son histoire mais toujours tourné vers l’avenir, il travaille actuellement à un partenariat avec une jeune entreprise innovante du secteur, qui lui propose un outil pour valoriser les cosses de décorticage en pellets de chauffage ou en 
paillage. 



(Photo ©Thomas Calinon : À la tête de l’entreprise depuis 1970, Édouard Meckert nous fait visiter le nouveau moulin,
 qui dispose de six meules de pierre.)


Les grandes dates

XIIIe siècle Des moines cisterciens créent le moulin de Krautwiller et l’exploitent jusqu’à la Révolution.
1791  La famille Diemer acquiert le moulin.
1970 Édouard Meckert et son épouse prennent les commandes du moulin Meckert-Diemer et se lancent dans la production de farine bio.
1986 Le moulin relance la transformation de l’épeautre, qui devient sa spécialité.
1996 Obtention du label Demeter et de la marque AB auprès d’Ecocert.
1998  Jusqu'en 2003, reprise de plusieurs sociétés en difficulté repositionnées sur le bio.
2013 Labellisation sans gluten par l’Afdiag.
2014 Acquisition de la chocolaterie Egly.

 

En savoir plus : Moulin des Moines, 104 route de Wingersheim, 67170 Krautwiller. Infos : www.moulindesmoines.com.

 

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