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Manger bio ou local ?

Manger bio ou local ?

Locavores de tous les pays, unissez-vous ! C’est un fait incontestable, le Made in chez moi à la cote, révèle le site Novethic. En France, le cabinet d’études économiques Xerfi parle même du marché des produits régionaux, comme du nouvel Eldorado de la filière alimentaire. C’est dire. En cette période d’incertitudes alimentaires, de crise économique et agricole, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à plébisciter ce type d’aliments. Et on les comprend. Le constat est d’ailleurs partagé par le cabinet de conseil en développement et marketing durable français Ethicity dans ses deux derniers baromètres sur la question : l’origine des matières premières et le lieu de fabrication sont, et de loin, (48 % et 40 %) les informations que les consommateurs sondés souhaitent le plus voir apparaître sur les étiquettes des produits qu’ils achètent. La Belgique n’est guère en reste. Le local suscite là aussi un large engouement. Groupements d’achats, sites dédiés à la promotion des produits fermiers, comme Saveurs paysannes, vente à la ferme, les initiatives foisonnent et éveillent même l’intérêt des pouvoirs publics. Récemment, le Ministre Régional wallon de l’agriculture confiait à notre magazine sa volonté de créer dès 2013 une centrale d’achat exclusivement dédiée aux produits fermiers et bio, accessible aux collectivités : écoles, crèches, administrations communales (voir Bio Info juin 2012).

Le bio menacé ?

Pour un peu, les produits locaux pourraient en arriver à faire de l’ombre aux produits bio, pourtant pionniers en matière de promotion d’une alimentation de proximité et de traçabilité. C’est déjà un peu ce qui se passe en France et qui demain pourrait aussi toucher la Belgique. Le dernier programme national pour l’alimentation (PNA) à destination des collectivités présenté par les autorités en février 2011, fait ainsi la part belle à l’alimentation locale. Jusqu’à carrément oublier l’agriculture biologique dans ses recommandations ! Pire, les consommateurs occasionnels du bio semblent aujourd’hui accorder leurs préférences aux produits locaux, poussés en cela par les stratégies des groupes agroalimentaires et de la grande distribution qui y voient une belle opportunité de développement économique, dans un secteur par ailleurs mal en point. C’est ce que souligne par exemple l’enquête de Xerfi : Le local fait un retour en force dans les stratégies des grandes enseignes alimentaires. Plus de 10 ans après le lancement de leurs MDD terroir (Reflets de France pour Carrefour, Nos Régions ont du Talent pour E. Leclerc), les groupes de la grande distribution cherchent à privilégier un approvisionnement local.

Local, oui, mais...

Certes, les, bonnes raisons de consommer des aliments de proximité abondent. Consommer local est bénéfique pour le développement d’une région. Cela permet de soutenir les agriculteurs près de chez soi, de réduire l’impact environnemental de son assiette (transport) ou de participer au maintien de modes de vie, de terroirs et des produits qui en sont issus. Ceci dit, tout ce qui est local n’est pas bio ou durable. Des dizaines de milliers de tonnes de tomates sont ainsi cultivées chaque année en Belgique ou en Bretagne (première région productrice de France), principalement sous serres. Une production qui nécessite une grande consommation d’énergie et multiplie les émissions de CO2 : si 1 kg de tomates d’Espagne produit 0,6 kg de CO2 le même kilo de tomates cultivées sous serre en dégage 2,3 kg ! Sans compter les éventuels pesticides et engrais chimiques. Les définitions de l’alimentation locale sont d’ailleurs multiples et ne font pas l’objet d’un label comme la bio. Le terme peut ainsi faire référence à une situation géographique (produit dans la région, en Europe), à la vente directe auprès d’un producteur, aux caractéristiques du produit (origines des matières premières et transformation). Autant dire que l’arbitrage entre bio et local, comme entre bio et équitable d’ailleurs, peut varier selon que l’on accorde de l’importance à l’un ou l’autre critère : prix, santé, environnement, développement local, facilité d’approvisionnement ou encore conditions sociales de production.

Bio et local, c’est mieux !

Alimentation bio et locale ne sont cependant pas antinomiques, comme le rappelait très justement en juillet 2011, le président de la FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique), Dominique Marion : Il n’y a pas concurrence entre bio et circuits courts, bio et proximité ; il y a une logique de développement des territoires autour d’une agriculture relocalisée et biologique que le réseau FNAB et ses partenaires dans le développement portent à travers les outils collectifs mis en place et qui doivent se multiplier. Il faut sans doute aussi encourager le consommateur à poser les bonnes questions au moment d’acheter, comme le recommande l’association Saveurs paysannes. Dans quelles conditions ce poulet a-t-il été élevé ? Avec quel type d’aliment ? Combien de fois ces pommes ont-elles été traitées ? Avec quoi ? Qui sont les hommes et les femmes qui ont travaillé derrière cette céréale ou bien ce fromage ? Et les fraises ? Ont-elles été cultivées sous serres chauffées ou sous un simple tunnel ? Une certitude aussi, bio et local, c’est l’idéal ! 

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