Comment s'entraîner au bonheur

PUBLIÉ LE 06 septembre 2012

À une époque où l’on se focalise avant tout sur tout ce qui va mal et où la médecine conventionnelle s’oppose à grand renfort médiatique aux médecines alternatives, Thierry Janssen se pose en réconciliateur, militant pour une médecine intégrative et pour la valorisation de nos qualités humaines… Interview.

 

 

Thierry JanssenVotre dernier livre s’intitule « Le défi positif. Une autre manière de parler du bonheur et de la bonne santé ». À qui ce défi est-il lancé et quel était l’objectif de cet ouvrage ?

À tout le monde ! Le travail que je me suis fixé est de jeter des ponts ! J’essaie de trouver un langage commun et de mettre en relation des cultures qui n’ont pas l’habitude de se parler, à savoir la culture dite scientifique qui berce notre monde – en particulier au niveau médical – et d’autres cultures parfois plus anciennes, spirituelles, traditionnelles, intuitives, philosophiques…

Je veux montrer comment notre culture scientifique, parfois un peu aride, peut être enrichie par ces autres approches, et m’assurer qu’il n’y a pas de rejet de celles-ci sous prétexte d’incompréhension ! J’ai publié « La solution intérieure » en 2006, qui, au niveau de la médecine, essayait de faire ce travail. Dans un deuxième­ volume intitulé « La maladie a-t-elle un sens ? » j’ai cherché à montrer comment, en termes scientifiques, nous pouvions expliquer les autres approches de la maladie (psychologiques, intuitives…) et voir ce que celles-ci pouvaient apporter à l’approche scientifique même. Après avoir parlé de la médecine et de la maladie, il me semblait intéressant de terminer cette trilogie en parlant de ce qui fait le bonheur et la bonne santé !

Notre société est plutôt tournée sur ce qui ne va pas… d’où pensez-vous que peut émerger le côté positif de l’Homme décrit dans votre livre ?

Parmi les personnes au pouvoir, il y a beaucoup d’aveuglement par besoin de performance, de rentabilité, de reconnaissance. C’est au départ des gens qui sont en dehors de tout cela que va émerger le bon sens ! Mais je pense qu’on ne change pas une société, ni rien d’autre d’ailleurs, sans revoir les représentations que l’on se fait des choses.

Et ces représentations, ça se travaille dès le plus jeune âge ! Dès l’école ! Si nous voulons des gens qui ne tombent plus dans le piège de l’hyperconsommation – y compris de soins médicaux, conventionnels ou alternatifs d’ailleurs –, si nous voulons des gens qui ne sont plus dans la demande de guérison, parce que suffisamment matures pour faire de la prévention, c’est à l’école que cela doit s’apprendre ! L’ambition d’un livre comme « Le défi positif », c’est de montrer, notamment dans les écoles, l’intérêt qu’il y a à valoriser nos enfants pour ce qu’ils ont de bien, pour ce qu’ils peuvent faire avec ce qu’ils maîtrisent déjà, plutôt que de pointer les manques, les défauts !

Mais je pense aussi que l’être humain n’a actuellement pas la sagesse suffisante pour faire cette évolution par anticipation ! En revanche, je le pense capable de s’adapter… Et c’est ce qu’il va devoir faire face à la contrainte extérieure des changements qui attendent notre société. Il va devoir trouver comment rendre du bon sens à tout ça !

Vous soutenez que l’expérience du bonheur passe notamment par l’expression de notre responsabilité. Avez-vous l’impression, en tant que médecin et thérapeute, que les gens sont prêts à prendre cette responsabilité face à leur santé et à leur vie en général ?

Mais non ! Personne ne le veut ! Nous sommes de grands enfants, nous nous positionnons en victime dès que le moindre problème surgit. Nous sommes dans une vision très paternaliste des rapports humains, c’est-à-dire que nous remettons notre autorité entre les mains d’un père. Et quand nous sommes fragilisés, lors d’une maladie par exemple, nous le faisons avec encore davantage d’intensité ! Après il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des abus de pouvoir !

Mais c’est de nouveau par l’éducation que l’on peut changer ça ! En montrant à nos enfants qu’ils sont habilités à apporter des réponses à leur vie ! C’est à nous de créer notre propre existence ! Moi, si j’écris, c’est pour aider l’être humain à relancer sa réflexion, à se remettre en mouvement, à réunir toutes les polarités de l’expérience pour faire émerger quelque chose de plus grand ! Il faut arrêter d’avoir un discours guerrier, d’opposer les disciplines, ce n’est pas ce que les gens cherchent ! Notre société est en demande des ponts dont je vous parlais !

Pourquoi cette façon réconciliatrice de voir les choses n’est-elle pas mise en avant ?

On a interrogé les 20 % d’Européens qui pensent et vivent autrement que la moyenne et ils le disent : « Le seul moyen de transformer les choses, c’est de changer nous-mêmes et d’agir en fonction de ce que l’on a transformé. » C’est-à-dire d’être cohérents, intègres et de transmettre ça à nos enfants. Ce changement se passe en lame de fond, ça ne se voit pas. Les livres sont là pour accompagner ce changement. On ne peut pas dire qu’on ne veut plus de guerre en faisant la guerre ! Et c’est probablement la raison pour laquelle cette vision des choses met plus de temps à émerger !

Moi, mon objet est de planter une graine et de l’arroser ! Mais je refuse d’être dans des discours guerriers ! Il s’agit de discerner, pas d’opposer !

Eh bien voilà une perspective positive !

Vous savez, j’ai un ami, Paolo Doss, qui est clown dans les hôpitaux et qui dit toujours « On peut toujours choisir entre l’idée que la vie vaut la peine d’être vécue ou la joie d’être expérimentée » ! C’est juste un regard qu’on pose sur le monde. Ce côté positif est en nous, mais il y a un effort à faire pour qu’il s’exprime. 

Lecture

« Le défi positif » est une invitation à se tourner vers les vertus et le côté positif de l’être humain. Des grands philosophes de l’Antiquité aux chercheurs en psychologie positive d’aujourd’hui, Thierry Janssen explore ce qui détermine notre capacité au bonheur. Cette dernière serait déterminée à 50 % par nos gènes et à 10 % par l’environnement. Il nous reste donc 40 % dont nous pouvons décider quoi faire ! Oui, mais comment s’entraîner au bonheur ? Différentes pistes sont proposées dans le livre, bien plus simples qu’on ne pourrait l’imaginer !

« Le défi positif, une autre manière de parler du bonheur
et de la bonne santé », de Thierry Janssen. Éd. Les Liens qui libèrent (octobre 2011).

Propos recueillis par Charline Nocart

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