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Bio Cambrésis, ou la culture de l'insertion sociale

Bio Cambrésis, ou la culture de l'insertion sociale

Dans le centre de Cambrai (Nord), les maisons de brique rouge se suivent et se ressemblent. Difficile d’imaginer que quatre d’entre elles abritent un îlot de verdure dédié à la culture biologique de légumes et d’aromates, sur un hectare et demi. C’est ici qu’est installé Bio Cambrésis, dont les flacons d’épices, les soupes déshydratées et les plats préparés garnissent les étals des réseaux de distribution bio (Biocoop, Naturalia, magasins indépendants) à travers l’Hexagone.

Dans l’une de ces maison transformées en atelier, Annick trie l’origan pour en retirer les branches indésirables. En attendant la fin des travaux, c’est dans un Algeco qu’une de ses collègues pèse et met en pot le curcuma. Dans le jardin, Jessica et une demi-douzaine de femmes désherbent les plantations de basilic, pendant qu’un groupe d’hommes s’affaire autour du cerfeuil.

Une fois récoltés, les légumes sont lavés, épluchés, blanchis et coupés. Comme les aromates, ils sont ensuite déshydratés dans une pièce où une machine souffle de l’air chaud. « La déshydratation à basse température (40°c), sur deux jours, préserve la qualité gustative et nutritive des produits. Là est la force de Bio Cambrésis par rapport à d’autres marques, dont le séchage peut atteindre jusqu’à 80 degrés », explique Yannick Plumat, le directeur.

Des potages pour intolérants au gluten

Autre spécificité, les potages déshydratés adaptés aux intolérants au gluten. « Toutes nos soupes contiennent de la farine de riz à la place du blé. Elles sont dépourvues d’ingrédient source de gluten, mais nous ne sommes pas labellisés (par l’Afdiag, ndlr, précise le directeur. La marque compte également des plats préparés à base de riz. Seul le taboulé contient du blé. « Pour éviter les contaminations, nous consacrons plus de temps à sa fabrication », souligne celui qui fut pendant vingt ans encadrant technique avant de prendre la direction de l’établissement il y a deux ans.

La gamme compte une centaine de flacons d’épices et d’aromates, dix-sept variétés de potages déshydratés ainsi que des plats préparés à base de riz et de taboulé. Exigu, le jardin d’un hectare et demi ne peut fournir qu’un tiers de la production. « Le reste provient de l’extérieur (comme le curcuma). Mais nous sommes l’une des rares entreprises françaises qui a conservé une activité de maraîchage, en plus de la transformation », remarque Yannick Plumat.

Créer de l'emploi d'insertion

Une particularité liée à son statut : l’entreprise est un chantier d’insertion. « Celui-ci doit proposer un éventail de tâches larges pour s’adapter aux différents profils accueillis : travail en intérieur à l’atelier, en extérieur au jardin, etc. », explique Yannick Plumat. C’est ce qui explique aussi que la société ait développé une activité d’entretien d’espaces verts. Ou encore que le désherbage ne soit pas mécanisé. Ici, on désherbe à la binette ou au pousse-pousse, un ustensile à roues.

Bio Cambrésis est né en 1987 de la volonté de quatre chômeurs de créer leur emploi. « Ils ont obtenu la mise à disposition d’un terrain pour se lancer dans le maraîchage, avec comme credo, le respect de la nature et des hommes. D’où le choix du bio et de l’insertion. Ne parvenant à écouler la totalité de leur production, ils ont eu l’idée de la déshydrater », poursuit Yannick Plumat. Aujourd’hui, la marque est devenue l’un des leaders français des produits bio déshydratés.

40 % des employés concrétisent leur projet professionnel

À l’instar d’Annick, qui trie l’origan, l’association emploie quarante salariés en insertion, encadrés par sept salariés permanents. Chômeurs de longue durée ou bénéficiaires du RSA, ils sont embauchés par Bio Cambrésis pour un CDD d’insertion de 4 mois, renouvelables jusqu’à deux ans, à raison de 26 heures de travail hebdomadaire au Smic horaire. Bien qu’ils travaillent au maraîchage et à la transformation des produits, les salariés ne vont pas forcément rester dans ce secteur quand ils quitteront l’entreprise.

Frédérique Batot, accompagnatrice socio-professionnelle de Bio Cambrésis, les aide à trouver une formation et à résoudre leurs obstacles à l’emploi (solutions pour la garde d’enfants, transport…), en faisant le lien avec les autres organismes. « Une personne suit un atelier découverte des métiers médico-sociaux, une autre réfléchit à créer son entreprise. Bio Cambrésis est une passerelle », résume-t-elle. Yannick Plumat se souvient d’un jeune bardé de tatouages, sorti de prison, désocialisé, sans aucune expérience ni formation professionnelle : « Mû par une farouche envie de s’en sortir, il a passé le permis poids lourd et a trouvé un emploi comme chauffeur-livreur. Ces réussites sont notre moteur », souligne-t-il. Environ 40 % des personnes qui passent par Bio Cambrésis concrétisent leur projet professionnel (intérim, formation…), dont 15 % retrouvent un CDI. 

 

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(Photos Coline Léger)

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