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Redevenir l’acteur de sa santé

Redevenir l’acteur de sa santé

« Vous défendez une médecine intégrative. De quoi s’agit-il ?

Née il y a une quinzaine d’années aux États-Unis, la médecine intégrative vise, comme son nom l’indique, à intégrer à la fois la médecine conventionnelle et les approches non conventionnelles au suivi d’un patient afin d’obtenir le maximum de ressources thérapeutiques. Aux États-Unis, il y a plus de 80 facultés de médecine qui enseignent ce genre d’approche. Les hôpitaux universitaires créent des centres de médecine intégrative où, par exemple, des patients qui ont le cancer vont à la fois bénéficier de la chimiothérapie, de la radiothérapie, de la chirurgie, c’est-à-dire de toutes les ressources de la médecine conventionnelle, mais en plus de soins d’acupuncture pour diminuer les nausées dues aux chimiothérapies, de conseils de nutrition, de cours de yoga, de thaï chi ou de méditation pour gérer le stress, une synergie qui va aider à obtenir de meilleurs résultats.

Comment expliquer les difficultés à obtenir une reconnaissance officielle ?

C’est très difficile à construire pour trois raisons. D’abord, les cultures sont très différentes. Dans la médecine scientifique, on découpe tout en petits morceaux pour essayer de compren­dre les choses, c’est ce que nous appelons l’approche réductionniste. L’hôpital est à l’image de ce système : on soigne les poumons au premier étage, le cœur au deuxième étage… À l’inverse, ces médecines non conventionnelles, souvent issues d’un savoir traditionnel, considèrent l’homme dans sa globalité. C’est déjà deux conceptions totalement différentes. Ensuite, les médecines non conventionnelles utilisent un vocabulaire, des images, des façons d’exprimer les choses, qui ne sont pas toujours comprises par la médecine scientifique. Par exemple, dans la médecine chinoise on parle du Yin et du Yang. Quand on fait un effort de compréhension, le Yin et le Yang, ces deux énergies, une qui pousse, une qui relâche, peuvent se traduire en neurologie par l’action du système nerveux sympathique, qui vous met en tension, et parasympathique, qui vous permet de vous détendre pour récupérer. Enfin, les êtres humains ont des ego, or faire travailler ensemble des gens qui ont une culture, un vocabulaire et des intérêts différents est compliqué.

Parmi les médecines complémentaires, que pensez-vous de la naturopathie ?

La naturopathie est sans doute une des plus vieilles médecines du monde : elle s’inscrit dans la filiation de la médecine hippocratique, contemporaine de la médecine chinoise, de la médecine ayurvédique indienne, autant d’approches qui traitent l’être humain dans sa globalité. Elle a encore besoin de se structurer, même si cela commence à être le cas. Il n’est pas acceptable qu’une personne puisse poser sa plaque de naturopathe en ayant suivi trois week-ends de formation, d’où la nécessité de réglementer la profession. Aujourd’hui, il existe néanmoins des écoles proposant un programme structuré, contenant des bases de physiologie.

Que pensez-vous des critiques dénonçant des dérives sectaires ?

Qu’on mette de l’ordre, qu’on réglemente, qu’on vérifie la qualité des formations, que la justice face son travail, c’est une chose. Mais qu’on jette le discrédit sur tout un pan de la santé sous prétexte de dérives sectaires, c’est scandaleux. D’autant que la médecine conventionnelle n’est pas irréprochable. Combien compte-t-elle d’erreurs médicales, de gens mal opérés ? Mais ces affaires n’entrent pas sur la place publique, elles sont traitées en interne par le conseil de l’Ordre. Sans parler des infections nosocomiales qui progressent du fait de l’abus d’antibiotiques.

L’approche d’éducateur de santé du naturopathe vous semble-t-elle intéressante ?

Dans la médecine clinique, le patient est ignorant, impuissant, entouré d’experts qui savent à sa place, comme l’a bien caricaturé Molière. Tout l’enjeu et la philosophie des médecines non conventionnelles, notamment de la naturopathie, consiste à permettre à la personne de redevenir l’acteur principal de sa santé, tant sur le plan de la prévention que sur celui du traitement. » 

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