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Agriculture bio, l’Europe demande son avis au citoyen

Agriculture bio, l’Europe demande son avis au citoyen

Depuis le 15 janvier de cette année, les 500 millions de consommateurs de l’Union européenne sont donc invités à se prononcer sur le bio au travers d’un questionnaire mis en ligne par la Direction générale agriculture et développement rural de la Commission européenne. Initiée par le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, cette consultation a pour objectif le réexamen de la politique européenne relative à l’agriculture biologique. Elle est ouverte à tous les citoyens européens, organisations et autorités publiques concernées, jusqu’au 10 avril 2013. Objectif : recueillir l’avis de tous sur la meilleure manière de développer l’agriculture biologique dans les années à venir.

Le bio plus visible ?

Plusieurs thèmes principaux sont soumis à consultation. Sont ainsi abordés la simplification du cadre juridique sans affaiblissement des normes, la coexistence des OGM et de l’agriculture biologique, l’amélioration des systèmes de contrôle ou encore l’impact des nouvelles règles d’étiquetage. En particulier la question est de savoir si l’utilisation désormais obligatoire du logo européen sur tous les articles bio a accru la visibilité de ces produits ?

D’autres thèmes plus larges seront aussi soumis à consultation. En 2004, la Commis­sion a lancé un plan d’action pour le développement de l’agriculture biologique en Europe, qui a donné un élan supplémentaire à ce secteur. Cette consultation est l’occasion de recueillir les avis du citoyen sur les domaines dans lesquels un autre plan d’action pourrait être nécessaire. On demande aussi l’opinion de l’homme de la rue et de la société civile dans le domaine du contrôle. Suite à plusieurs cas de fraude, il pourrait en effet être nécessaire de renforcer les contrôles et de veiller à une application plus stricte de la réglementation.

A priori, les citoyens de l’UE ont tout pour se réjouir d’une telle initiative qui, pour une fois, leur donne la parole dans un domaine qui les touche de près : le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement, synonyme de produits de qualité et d’un mode de vie plus durable.

La Commission se trompe de bio

Dans le monde associatif, on approuve l’idée mais on pointe certaines lacunes évidentes. «Dans les grandes lignes, nous trouvons très intéressant que la Commission demande l’avis de tout un chacun, indique François de Gaultier, de Nature & Progrès Belgique. Mais ce questionnaire n’a clairement pas été rédigé en concertation avec le secteur du bio. Par exemple, plutôt que de demander au consommateur s’il souhaite plus de contrôles et s’il est prêt à payer plus cher pour des produits bio garantis sans résidus de pesticides et d’OGM, pourquoi ne pas ouvrir le débat sur le principe pollueur-payeur ? Pourquoi est-ce au bio de payer pour la pollution des autres ? Ça ne leur est pas venu à l’esprit ! La Commission a une vision faussée de l’agriculture bio. Pour nous, c’est une agriculture locale, en circuit court et accessible à tous. Elle prône la solidarité entre consommateurs et producteurs. Rien de tout cela pour la Commission qui voit dans le bio un marché et une série de règles techniques. La consultation en est un reflet. »

À la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), porte-voix des producteurs bio de France, on se pose également des questions. « C’est toujours bien de mettre en valeur la politique de développement du bio en Europe, estime Julien Adda. Mais les acteurs professionnels du bio sortent à peine d’une série de modifications des réglementations, comme celle de la vinification bio. D’autres enjeux comme la production sous serre restent encore non résolus, comme la production sous serre. Nous ne comprenons donc pas trop les objectifs de cette consultation. Prépare-t-elle une renationalisation des règlements européens ? Vise-t-elle une réforme du règlement bio ? Si oui, d’une part lequel, et quelle est son opportunité alors qu’il reste tant de choses à améliorer dans le règlement existant ? Repartir à zéro serait idiot. Tout ça n’est pas clair. » On le voit, la vision des acteurs du bio n’est pas à l’optimisme béat devant cette initiative venue d’en haut. Que cela n’empêche évidemment pas chacun de donner son avis. Au contraire ! 

Le lien de la consultation

http://ec.europa.eu/agriculture/consultations/organic/2013_fr.htm

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