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Pommes de Chorette et pommes d’api…

Pommes de Chorette  et pommes d’api…

En ce début du mois de mai, nous avons suivi notre envie de pommes pour nous rendre aux Vergers de Chorette, quatre hectares de cultures biologiques créés de toutes pièces il y a vingt ans par François Carlier. Rendez-vous d’abord sur Google Earth pour trouver la localisation de Lecelles, la commune où se récoltent ces pommes : nous voilà au-dessus de la carte de France, en plein travelling vers le Valenciennois, frôlant la frontière belge, puis nous arrêtant au bord de cette commune frontalière au paysage très plat, remplie de fermes anciennes aux cours carrées. La brique donne sa couleur principale au village, traversé par l’Esnon.

Il faut s’en éloigner pour se rendre dans les vergers, chez Julien Trublin et Céline Dessery, le couple qui a repris l’affaire à son fondateur il y a un peu plus d’un an. Elle, Céline Dessery, avait le CV pour ça : fille et sœur d’agriculteurs dans le Valenciennois, elle travaille aussi chez Norabio, la coopérative d’approvisionnement et de mise sur le marché des productions biologiques régionales, notamment à travers les Biocabas. Son compagnon, Julien, travaille à plein temps dans les vergers. Ancien chauffeur de tracto-bennes sur le chantier du Grand Stade de Lille, il cherchait lui aussi à se mettre à son compte tout en s’offrant « une meilleure qualité de vie », sans trajets quotidiens vers Lille. « Nous avons donc voulu reprendre une exploitation, explique sa compagne, mais en bio. ». Un domaine auquel elle a été sensibilisée très tôt en voyant son père « déverser des produits toxiques » dans ses champs. L’un de ses frères, a d’ailleurs réussi à convertir partiellement la petite exploitation familiale de 75 hectares, à Wasnes-au-Bac.

Les fruits véreux sont éliminés à la main

La reprise du verger a été le fruit d’une « jolie rencontre avec les Carlier », qui ont laissé le couple les aider pendant plus d’un an, « pour voir si ça nous plaisait », raconte Céline. « Nous avons vu à quel point il était valorisant de ne pas être dépendant à 80 % des primes de la PAC… et puis le travail était passionnant. » François Carlier a de plus pris soin de remplacer les arbres au fur et à mesure (la durée de vie d’un arbre fruitier tourne autour de vingt ans). Bref, il a laissé « une exploitation impec » aux deux entrepreneurs.

Les rangées de pommiers et de poiriers qui font désormais leur affaire surplombent les plats et les mares du village. Elles sont plantées sur une ancienne sablière où les lapins sont rois… Une cohabitation malencontreuse qui a obligé les cultivateurs à protéger les troncs de leurs arbres fruitiers avec des grillages. « Une fois qu’on est là, on est coupés du monde, on se plonge dans le rythme des arbres, on observe… » s’enthousiasme à nouveau Céline. Le jour de notre visite, les poires ne font que quelques centimètres. Les fleurs à enlever seront coupées une à une aux ciseaux, un travail qui prendra trois mois à Julien. De même pour les fruits véreux alors qu’en conventionnel, cette sélection se fait grâce à des traitements chimiques. Les maladies sont prévenues à l’aide de décoctions de plantes comme la prêle. Les insectes avec des huiles essentielles. Mieux : le verger dispose d’une sorte de « réserve naturelle d’insectes », en fait une friche où sont abritées également quelques ruches. « Cela permet d’avoir des coccinelles en réserve en cas de pucerons », résume Céline, qui préférerait laisser expliquer cela par son compagnon, sur le terrain du matin au soir… Contre la tavelure : soufre et cuivre sont autorisés par le cahier des charges bio, en quantités limitées. « Parfois, il faut mettre des bâtonnets de phéromones pour désorienter les papillons mâles », des pièges utiles contre la ponte des femelles dans les fruits (carpocapse de la pomme). « Après vingt ans de culture en bio, beaucoup de risques de maladies sont partis », assure Céline, qui souhaite se pencher maintenant sur les méthodes de traitement homéopathiques.

Vingt-cinq variétés

Mais la particularité du lieu réside dans la diversité de ses variétés : pas moins de vingt-cinq pour les pommes. Un maximum partagé avec le verger bio d’Ohain, dans l’Avesnois, plus fourni en variétés anciennes. « François Carlier a étudié le verger afin que la récolte s’étale au maximum dans le temps », explique Céline. Elle dure ainsi d’août à octobre. Un schéma adapté pour le marché de gros : 80 % des fruits sont vendus dans les magasins bio de la métropole lilloise, le reste sur les marchés et, dans le village, dans l’épicerie biologique « Autour du verger » tenue par la famille Carlier. Grâce à l’étalement des récoltes, les pommes peuvent être vendues jusque fin avril. Certaines variétés terminent leur cycle de maturation au frigo. C’est le cas des Idared et des Fuji. Les vergers de Chorette proposent aussi la Choupette, une variété de conservation à la peau dure, de la Reinette des Capucins et de la Reine des reinettes en variétés anciennes, de la Karminj et de la Cox Orange, plus rustiques, de la Mairac, une variété protégée, enfin la « grosse cavalerie » : les Boskoop, Gala et autres Jonagold grand public, des pommes d’appel cultivées en grande quantité. « La culture biologique est propre à la permanence de variétés plus rares, même si on commence à les revoir dans les grandes surfaces », explique Céline Dessery qui, sur les marchés ou dans les magasins, ne manque pas de donner des conseils de cuisine.

Il s’agit plutôt d’orienter les clients car certains sont difficiles et ne se contentent pas de la distinction entre pomme à cuire et pomme à croquer. « Je connais des clients qui n’aiment que les pommes acides, d’autres uniquement les pommes sucrées. » Dans ce village du Nord connu pour son annuelle fête de la Fraise, pourrait-on un jour voir fleurir la fête de la Pomme ?

Contact

Les Vergers de Chorette,
1947 rue de Chorette,
59226 Lecelles.
Tél. : 03 27 32 08 69
Mél. : earldesvergersdechorette@gmail.com

Points de vente pommes et jus

Magasins de la métropole lilloise : Vert’Tige (Lille), Label Vie (Marcq-en-Barœul, Wasquehal et Mouvaux) Harmonie Nature (Lille, Villeneuve-d’Ascq), Coopérative Capucine (Haulchin), Biocoop (Valenciennes).

Marché de Louvignies-Quesnoy, les premiers et troisièmes dimanches du mois.

Magasin Autour du Verger, à Lecelles, 1020 route de Tournai, du mardi au jeudi de 14 à 19 heures ; le mercredi, le vendredi et le samedi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 à 19 heures.

• Biocabas : liste des points relais et abonnements sur
www.biocabas.com.

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