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Biocoop, grandir sans perdre son identité

Biocoop, grandir sans perdre son identité

Avec 330 magasins dans toute la France, le réseau Biocoop s’est fortement développé ces dernières années et vise les 500 magasins d’ici à 2015. L’association, créée en 1986 par des producteurs et des consommateurs, est devenue aujourd’hui un groupe coopératif, leader de la distribution de produits bio devant La Vie claire, son challenger avec plus de 210 magasins. Depuis 2008, en moyenne, une vingtaine de magasins ouvre chaque année, soit par le biais de nouveaux porteurs de projet, soit par l’essaimage (un adhérent, déjà gérant d’un magasin, en ouvre un second). Mais, si le réseau grandit, son président ne souhaite pas pour autant perdre de vue les fondements de la coopérative. « Les sociétaires adhèrent à un projet : développer une agriculture biologique en France et rendre le bio accessible au plus grand nombre. Ils ne sont pas là que pour le tiroir caisse », insiste Claude Gruffat, président de Biocoop. L’enseigne a d’ailleurs récemment réaffirmé ses convictions sur un « marché de la distribution bio qui voit les profils opportunistes et mercantiles se multiplier »

Producteurs, salariés, gérants et consommateurs, véritables acteurs du réseau, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ceux qui choisissent de rejoindre Biocoop doivent également être en phase avec la charte du groupe qui stipule par exemple que le réseau, « en partenariat avec les groupements de producteurs, crée des filières équitables fondées sur le respect de critères sociaux et écologiques exigeants et s’engage sur la transparence de ses activités et la traçabilité de ses approvisionnements ». « L’érosion du nombre des sociétaires [NDLR : adhérents de la coopérative] n’est pas un phénomène nouveau. Chaque année, une quinzaine de magasins quittent le réseau. Certains ferment, sont exclus ou démissionnent », constate Claude Gruffat.

Trop de règles ? 

Début septembre, c’est Jérôme Bernard, gérant de deux magasins en banlieue toulousaine, qui a quitté le bateau. Après douze ans dans la grande distribution, cet ingénieur agronome, qui s’est intéressé à la biodynamie, avait décidé en 2007 d’adhérer avec sa femme au réseau Biocoop. « Fin 2008, avec l’arrivée de la crise financière, l’enseigne s’est recroquevillée sur elle-même en nous demandant de nous approvisionner davantage auprès de sa centrale d’achat. Cette règle m’a surpris. Pour moi, le réseau a choisi de mauvaises solutions pour un vrai problème », raconte-t-il. Des divergences de point de vue qui n’ont pas empêché Jérôme Bernard d’ouvrir un second magasin en 2011. Mais le gérant ne semble désormais plus en phase avec le réseau auquel il reproche un excès de règles et de contraintes, toujours croissant. 

Didier Chia, gérant depuis vingt ans d’un magasin Biocoop en Haute-Garonne, ne partage pas cet avis. « Il y a plus de règles et de contraintes parce que nous le voulons bien : nous les votons à la majorité. Dans un système coopératif, une personne équivaut à une voix », constate-t-il. Et quand Jérôme Bernard dénonce par exemple un choix arbitraire des fournisseurs, Claude Gruffat rappelle que les sociétaires n’ont aucune obligation en termes d’achats. Ils ont accès à un catalogue et bénéficient de mesures incitatives en fonction du taux d’achats à la centrale et aux producteurs locaux, situés à 150 km maximum du magasin. Cette dernière règle semble toutefois poser question à certains sociétaires et producteurs. Pourquoi un producteur ne serait plus considéré comme local quand il est situé à plus de 150 km ? Un collectif devrait se créer prochainement pour y réfléchir. 

Partenariats, des vues sur l’Europe

Biocoop pourrait prochainement se développer au-delà des frontières françaises. Des porteurs de projet suisses, belges, et italiens ont déjà pris contact avec l’enseigne. « Nous n’avons pas de plan offensif mais nous sommes plus structurés pour y répondre ponctuellement », précise Claude Gruffat, président de Biocoop.


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